Lonely Planet, Routard, Hachette, Michelin pour les francophones ou Rough Guide, Let’s Go pour les anglophones… autant de guides dont la promesse est de nous aider à préparer notre voyage, à voyager malin ou encore à ne pas passer à côté de nos vacances…
Telles sont les questions que se pose tout bon voyageur ? Pas si sûr… la majorité d’entre nous se demande plutôt s’il est possible de partir sans un guide et de réussir alors son voyage ? Vous l’aurez compris je ne parle bien-entendu pas des voyages en circuit organisé au bord de la mer façon chambre – salle à manger – plage – spa avec en option expédition à la boutique de l’hôtel ou safari au golf (qu’il nous arrive à tous de faire un jour ou l’autre faute de budget, de temps, d’idée…). Quoique certains achètent peut-être ces guides, ne serait-ce pour se faire une vague idée du pays dans lequel ils sont. Cela peut éviter aussi d’avoir l’air un peu idiot lors d’un dîner en ville ! Je parle, vous l’aurez compris, des voyages en terre moins formatée, voire inconnue.
Il faut reconnaître que ces guides sont bien pratiques. Ils balisent le chemin, nous permettent de nous concentrer sur le plus remarquable d’un pays, d’une région, d’une ville. Ils nous pré-machent le travail en quelque sorte. Il nous aurait été, par exemple, peut-être difficile de découvrir l’Inde, terre vraiment inconnue pour nous, sans eux. En tout cas, nous n’avons pas pris ce risque. Avons-nous eu raison ?
Difficile de répondre à cette question car en fait, cela va dépendre de l’utilisation que l’on fait de ces guides. Pour préparer un voyage, un itinéraire, connaître les contraintes, les sites à ne pas rater… ils sont une très bonne synthèse et permettent de concentrer ses recherches. Mais sur place, notre guide est-il vraiment une garantie anti-pépin et mauvaises adresses ?
Pas si sûr. Nous avons pris à défaut à de nombreuses reprises notre bible, le Lonely Planet, sur des adresses, des tarifs plus du tout à jour. Mais est-ce là vraiment surprenant. Il est quasi impossible, même avec la dernière édition et les meilleures intentions du monde de tenir à jour une base de données aussi importante. Et globalement il faut avouer qu’ils ont bien travaillé et passé du temps dans les zones touristiques. En revanche, sur des endroits qui sortent un peu des sentiers battus, parfois le travail a été bâclé. Par exemple à Madurai (qui ne sort pas vraiment des sentiers battus je vous l’accorde et fait même partie des recommandations du guide !), nous avons eu la nette impression que l’auteur n’y est resté que quelques heures et principalement dans un quartier. Quant aux adresses dans la rubrique restauration, oubliez carrément toutes les recommandations du guide. Allez dans la rue, ouvrez les yeux, regardez où vont les Indiens et laissez vous guider par votre nez ! La carte n’est qu’en langue locale et le serveur ne parle pas un mot d’anglais ? Pas de problème, montrez du doigts, goûtez et laissez-vous conseiller par vos voisins. C’est le début de l’aventure !
Le problème n’est-il donc pas ailleurs ? Finalement à ne pas vouloir prendre de risque avec ces guides, ce qui nous pend au nez n’est-il pas justement de risquer de passer à côté de l’essentiel d’un voyage ?
Et oui et c’est bien là le dilemme. En nous pré-machant le « travail » et pré-orientant nos choix, nous oublions que voyager c’est aussi et avant tout risquer de se perdre. Suivre ces guides, c’est donc risquer de se retrouver avec d’autres occidentaux aux mêmes endroits, aux mêmes moments et rater de bonnes occasions de faire des rencontres ! En effet, comment s’imprégner d’un pays sans se laisser aller, sans se laisser porter par l’ambiance, par les rencontres et sans s’oublier un peu. « Voyager sans se quitter, est-ce vraiment voyager ? », écrit très justement Jean-Michel Ribes dans son excellent recueil de photographie « Voyages Hors de soi ».
Ces guides partent donc d’une bonne intention, mais une fois lu avant ou pendant ne faudrait-il pas… les oublier aussi vite ?
Faites un test lors de votre prochain voyage. Demandez aux touristes que vous rencontrez s’ils ont emmené un guide avec eux. Je suis prêt à parier que les rares Guideless seront alors des étourdis qui vous proposeront de vous racheter le votre 😉
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